J'ai eu un peu de mal à faire renouveler mon passeport avant de partir pour l'Angleterre - ce qui ne ne sera pas une surprise pour quiconque a déjà eu affaire aux Sévices Publiques de la social-médiocratie française - principalement en raison de "délais de traitement", ce qui n'est pas une surprise non plus.
Instaurer 35 heures de travail hebdomadaire pour les fonctionnaires français reviendrait en fait à augmenter leur temps de travail effectif.
Non, les réunions autour de la machine à café ne comptent pas comme
temps de travail effectif, désolé.
Quoi qu'il en soit, tout au long de ce douloureux et coûteux processus visant à s'assurer que je serai dûment enregistré et classé comme dépendance de la République Française, je me suis vu incessamment offrir la possibilité d'abandonner le passeport -
"Ce n'est pas obligatoire pour un voyage en Grande-Bretagne vous savez. C'est l'Europe! Vous avez juste besoin d'une carte d'identité." Ouais, c'est l'Europe, sans aucun doute - pour me reporter sur la nouvelle Carte d'Identité Nationale et Infalsifiable, Merveille de Technologie Française et Garante de notre Sécurité Nationale.
Plusieurs obligeants agents de l'Etat m'en ont présenté les insurpassables bienfaits et bénéfices, en comparaison de ce vieux passeport moisi que je souhaitais inconsidérément renouveler : la nouvelle carte nationale d'identité n'est pas seulement nationale et passablement nouvelle, elle est également infalsifiable et cette petite merveille pouvait m'être généreusement délivrée à l'issue d'une simple et rapide procédure - en bref "Donnez nous une photo, dites nous qui vous êtes, signez ici et, oh, n'oubliez pas d'apposer vos empreintes digitales merci" - enfin, dernier argument mais non des moindres - roulements de tambour svp - absolument gratuite.
Oui, gratuite.
Connaissant la rapacité de l'état Français dès lors qu'il y a un moyen de détrousser le contribuable, cela suffit à rendre l'entreprise hautement suspecte.
Sans prendre en considération, bien entendu, le fait qu'à l'instar du
système français de retraite par répartition, la carte nationale d'identité fut instaurée par le régime de Vichy, au cours du manifestement proche passé de collaboration avec l'Allemagne national-socialiste.
Au bout d'un moment et considérant que contrairement aux obligeants agents de l'Etat susmentionnés
vous avez autre chose à faire que vous émerveiller sur l'appareil de contrôle de l'Etat, vous en arrivez à penser : "Bien. Il est temps de se faire un nouvel ennemi".
Extrait de la conversation :
the dissident frogman:
"Bonjour, je veux faire renouveler mon passeport"
Obligeant agent de l'Etat :
"Et bien Monsieur, ça sera long et coûteux vous savez."
the dissident frogman:
"Long comment ? Coûteux comment ?"
Obligeant agent de l'Etat :
"Et bien Monsieur, cela peut prendre jusqu'à un mois, parfois plus. Cela coûtera 60 Euros et sera valide 5 ans."
the dissident frogman:
"Oh. Bigre."
Obligeant agent de l'Etat :
"Oui Monsieur. Monsieur devrait demander une carte d'identité nationale. Elle est infalsifiable et valide 10 ans."
the dissident frogman:
"Nan. M'en fous pas mal."
Obligeant agent de l'Etat :
"Et bien Monsieur, contrairement au passeport, c'est gratuit!"
the dissident frogman:
"Sur. De même que l'aller simple
Drancy-Auschwitz il y a 60 ans."
Maintenant veuillez me passer le formulaire de renouvellement de passeport, merci.
En passant, j'espère que, tout comme moi, vous noterez que parmi les choix proposés dans le cadre d'un principe imposé (puisque la loi vous fait obligation de prouver votre identité dans de nombreux cas de figure au quotidien), le système
le plus dangereux pour les libertés individuelles est également celui qui est
gratuit et donc le seul qui soit accessible "financièrement" par les plus pauvres.
Tirez en vos propres conclusions lorsque vous entendrez à nouveau les social-médiocrates français de tous bords s'émouvoir sur leur paradigme de "Justice Sociale" à la française et vous en vanter la supériorité.
Il y a énormément de caméras dans Londres. Et j'insiste sur "énormément", malgré Orwell
(façon de parler), ce qui bien entendu pose la légitime préoccupation déjà résumée dans la Rome antique : quis custodiet ipses custodies?
Il n'y a pas de carte nationale d'identité
de nos jours en Grande-Bretagne, même si les socialistes travaillent sérieusement sur la question - Oui, cela ne me surprend pas, moi non plus.
Mais il y a aussi, heureusement, des
individus qui travaillent
contre eux.
L'un dans l'autre, considérant la stabilité constitutionnelle séculaire de la Grande-Bretagne par opposition aux bains de sang qui jalonnent l'Histoire de France, j'échangerai sereinement la carte d'identité d'inspiration vichyste contre les caméras londoniennes et l'opportunité de me ranger aux côtés de ceux qui s'emploient à résoudre la question de la surveillance des surveillants.
N'importe quand.
MISE A JOUR :
Cet article est désormais
posté conjointement sur
White Rose, un
"blog collectif consacré aux libertés civiles en Grande-Bretagne et dans le reste du monde" dont j'ai également eu l'honneur et le plaisir de réaliser le design.